L’ineptie de demander au cheval de mettre le nez au sol : Conséquences physiologiques et biomécaniques
- Aurélie Boslé
- 20 déc. 2024
- 5 min de lecture
La demande fréquente de voir un cheval travailler avec le nez au sol, popularisée par certaines approches d’entraînement, peut sembler inoffensive ou même bénéfique pour le développement musculaire. Cependant, une telle position est contre-productive et peut engendrer des problèmes graves sur les plans biomécanique, respiratoire, métabolique et cardiovasculaire. Analysons ces conséquences en détail et expliquons pourquoi l’équilibre naturel du cheval doit toujours être respecté.
1. La biomécanique du cheval : pourquoi le nez au sol est problématique ?
Le cheval, par nature, n’a pas de clavicule. Cela signifie que ses membres antérieurs sont suspendus à son thorax par des muscles et des tendons, et non par une structure osseuse rigide.
Lorsqu’on demande au cheval de mettre le nez au sol :
Affaissement de l’avant-main : Le cheval transfère une grande partie de son poids sur ses épaules, ce qui provoque un affaissement de la cage thoracique.
Compression thoracique : Cette position comprime la cage thoracique, limitant l’expansion des poumons et empêchant une respiration optimale.
De plus, cette posture déséquilibrée éloigne les postérieurs de la masse corporelle, réduisant leur rôle moteur et suspendant toute capacité d’engagement. En conséquence, le cheval travaille de manière inefficace et subit une surcharge des structures de l’avant-main.
2. Conséquences respiratoires et cardiovasculaires
Gêne respiratoire
En compressant la cage thoracique, le cheval ne peut pas remplir ses poumons correctement. Sa capacité à inspirer et expirer est limitée, ce qui engendre une hypoxie (diminution de l’oxygénation des tissus).
Une respiration inefficace empêche le cheval d’éliminer correctement le dioxyde de carbone, conduisant à une acidification du sang (acidose respiratoire).
Effet domino : de la gêne respiratoire à l’insuffisance cardiaque
Une acidification chronique due à une respiration altérée surcharge le système cardiovasculaire, car le cœur doit compenser en pompant plus rapidement pour oxygéner les tissus.
À terme, cette surcharge peut engendrer une hypertrophie cardiaque (épaississement du muscle cardiaque), une diminution de l’efficacité du cœur, et finalement une insuffisance cardiaque.
Les chevaux soumis à une gêne respiratoire chronique sont également plus sensibles aux infections respiratoires, comme la bronchite ou l’emphysème, aggravant encore leur état général.
3. Acidification de l’organisme : pathologies associées
L’acidification de l’organisme est un processus par lequel le pH du corps devient trop acide, ce qui peut avoir des conséquences délétères :
Troubles musculaires : L’acidose perturbe le métabolisme musculaire et favorise l’apparition de courbatures, de crampes, et même de rhabdomyolyse (dégradation musculaire).
Ostéoporose : Un pH acide pousse l’organisme à puiser dans les réserves de calcium des os, fragilisant le squelette.
Inflammations chroniques : Un organisme acidifié est plus sujet aux inflammations, entraînant des pathologies articulaires comme l’arthrose.
Baisse de performance : Un cheval en acidose est rapidement fatigué et manque d’énergie, car ses cellules ne fonctionnent pas de manière optimale.
4. Troubles physiques liés à cette méthode de travail
Outre les conséquences métaboliques et respiratoires, cette façon de monter engendre des troubles physiques directs :
Surcharge des articulations de l’avant-main : Le poids excessif sur les épaules sollicite de manière anormale les articulations des antérieurs (genoux et boulet), favorisant les tendinites et l’arthrose précoce.
Tensions musculaires : Le dos du cheval, au lieu de se soulever, s’effondre sous la pression. Cela provoque des contractures musculaires chroniques dans la région lombaire et au niveau du garrot.
Mauvais développement musculaire : Au lieu de muscler son dos et ses abdominaux, le cheval renforce des muscles inadaptés à un travail durable, entraînant des déséquilibres et des compensations.
5. L’importance de l’équilibre : une position saine pour le cheval
Pour préserver la santé physique et métabolique du cheval, il est essentiel de travailler dans une posture qui respecte son équilibre naturel.
Cela signifie :
Engagement des postérieurs : Les membres postérieurs doivent passer sous la masse du cheval, soutenant et propulsant le corps.
Légereté de l’avant-main : Le poids doit être réparti, avec un transfert progressif vers l’arrière pour alléger les épaules.
Chanfrein à la verticale : La tête et l’encolure doivent être portées de manière à ce que la nuque soit le point le plus haut.
Dos soutenu : Une posture correcte permet au dos du cheval de se soulever, facilitant une respiration ample et efficace.
Une telle posture améliore non seulement la performance du cheval mais prévient également les pathologies physiques et métaboliques.
Ainsi, demander à un cheval de travailler avec le nez au sol, sous prétexte de détente ou de souplesse, est non seulement contre-productif mais aussi dangereux. Cela perturbe son équilibre naturel, comprime ses organes vitaux et engendre une cascade de troubles respiratoires, métaboliques et physiques. À l’inverse, une approche respectueuse de la biomécanique du cheval, basée sur une posture en équilibre et un engagement correct, est essentielle pour garantir sa santé, sa longévité et son bien-être.
6. Une approche fonctionnelle et systémique pour la santé du cheval et du cavalier
Grâce à mon approche fonctionnelle de la santé appliquée aux humains et aux animaux, je propose une vision globale et intégrative de la santé du cheval, en lien direct avec son mode de vie, sa posture et son travail. Cette méthode repose sur mes connaissances approfondies en physiologie, en posture d’équilibre, et en physiopathologie équine, me permettant de comprendre et d’analyser les déséquilibres physiques et métaboliques pouvant résulter d’un travail inadapté ou « à l’envers ».
Mon approche ne se limite pas à traiter les symptômes ou les pathologies isolées. Elle consiste à rechercher les causes formatives des troubles, en identifiant les liens entre :
Les symptômes du cheval (douleurs, fatigues chroniques, problèmes respiratoires ou digestifs).
Les déséquilibres posturaux (surcharge de l’avant-main, dos creux ou affaissé, mauvais engagement des postérieurs).
Le mode de travail et les habitudes d’entraînement qui peuvent entretenir ou aggraver ces déséquilibres.
7. Le lien entre physiopathologie, posture et travail
Ma double expertise en santé équine et en équitation me permet de relier les symptômes « mécaniques » du cheval (tensions musculaires, troubles articulaires, compressions thoraciques) à la manière dont il est monté et travaillé.
Par exemple, un cheval qui tombe systématiquement sur ses épaules peut souffrir d’une surcompression thoracique et de troubles respiratoires, mais aussi de douleurs lombaires chroniques et de pathologies secondaires comme des tendinites sur les antérieurs. Ces symptômes trouvent souvent leur origine dans une posture déséquilibrée liée à un travail inadapté.
Un accompagnement global pour le cheval et son cavalier
Formée, entre autre par Francis Stuck* pour la partie liée aux déséquilibres posturaux dans le travail des chevaux et au langage et à la cognition équine, et travaillant ensemble en étroite collaboration pour la même cause (le bien-être et le mieux-être des chevaux), mon objectif est d’aider les cavaliers à comprendre les causes profondes des pathologies ou des symptômes de leur cheval.
Mon approche inclut :
Une analyse en profondeur de la posture et du travail du cheval, en identifiant les points de tension ou les erreurs de méthode.
Des conseils précis pour améliorer l’équilibre et la locomotion, afin d’alléger l’avant-main et d’encourager un travail sain et respectueux de la biomécanique du cheval.
Un accompagnement sur les symptômes ou pathologies spécifiques du cheval, en proposant des solutions adaptées pour restaurer sa vitalité et sa santé optimale, qu’il s’agisse de troubles respiratoires, métaboliques ou articulaires.
Une prise en compte des interactions entre le cheval et son cavalier, en travaillant également sur la posture et les habitudes de celui-ci si nécessaire, mais également sur la relation entre le cavalier et son cheval.
Une approche systémique pour la santé durable
En adoptant une vision systémique de la santé équine, je propose une démarche complète et personnalisée, qui s’appuie sur :
Une recherche approfondie des causes formatives des troubles.
Une connaissance détaillée de la physiopathologie équine et des pathologies liées au déséquilibre.
Une capacité à relier les aspects physiques, métaboliques et mécaniques du cheval à son mode de travail et à ses interactions avec son cavalier.
Cette approche offre aux cavaliers la possibilité de mieux comprendre leur cheval et de travailler dans une logique d’équilibre et de bien-être. Ainsi, nous ne nous contentons pas de traiter les symptômes : nous rétablissons une harmonie fondamentale, garantissant au cheval une meilleure santé, des performances optimales et une relation plus fluide et respectueuse avec son cavalier.
* Francis Stuck : https://www.institut-langage-equestre.com/
Aurélie Boslé

Commentaires